Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 21:59

Des « ateliers du futur », des « forums prévisionnels » ou des « ateliers de démographie » en vue du soi-disant « développement de la commune » – cela n’existe pas en Suisse seulement. C’est à travers l’Europe entière que les communes ont affaire à de telles organisations douteuses et anti-démocratiques. Et partout elles se déroulent selon le même schéma, guidées par des animateurs externes.

 

manipulation3.png

 

En Allemagne, c’est la Fondation Bertelsmann qui en fournit le modèle. Sur ses sites internet on trouve des directives stratégiques, des conseils, des manuels en vue de créer des «ateliers dans les communes» ainsi que des «visions sur le développement communal».1

Quant aux «visions» de la Fondation Bertelsmann, elles sont évidentes. Il s’agit du détournement vers le privé des institutions communales («out-sourcing»), de l’usurpation de tâches réservées à la souveraineté de la commune, de privatisation de piscines commu­nales et des régies communales de l’eau, des maisons de retraite, des associations et unions d’intérêt public etc.; les communes et leurs institutions devront, selon ces plans, devenir des entreprises fonctionnant selon le principe de gain et profit, quitte à participer à la course aux avantages locaux. Il est évident que cela n’a plus rien à voir avec la démocratie.

En Angleterre, l’entreprise Arvato, filiale à 100% de la Fondation Bertelsmann, a ainsi pris possession de la commune de East Riding, Yorkshire, gérant maintenant des tâches auparavant réservées à la souveraineté communale dans une circonscription qui compte pas moins que 325 000 habitants (cf. en­cadré) – s’étendant du prélèvement des impôts communaux, en passant par la distribution des allocations d’aide sociale, jusqu’à la gestion des finances.2

En Allemagne, c’est la ville de Wurzburg (Basse-Franconie) où Arvato gère «la totalité des prestations administratives».3 D’autres communes devraient suivre ce modèle.

Or, en Allemagne, il s’agit de 105 milliards d’euros, provenant des fonds fiscaux qui, selon estimation, circulent dans les communes et leurs institutions par an. Ce sont ces milliards-là qui provoquent l’avidité de la multinationale Bertelsmann. Pour le moment, Arvato «se contente» d’un cinquième de cette somme, comme dit son chef, Rolf Buch: «Il s’agit d’un marché de plus de 20 milliards d’euros, soit autant que le chiffre d’affaires actuel de Bertelsmann.»4

Non, décidément, avec Bertelsmann, on n’a plus affaire à un cercle à connivence chrétienne distribuant des livres et des périodiques dont les magazines illustrés peuplaient, du temps de l’après-guerre, les mé­nages, les cabinets médicaux et les pharmacies allemands. Aujourd’hui, il s’agit d’un empire des médias connecté dans le monde entier, disposant d’un chiffre d’affaires en milliards et qui, dans de nombreux pays, entretient des relations les plus privilégiées avec des hommes politiques de haut rang, des présidents de partis et des chefs d’Etat, ainsi qu’avec des fonctionnaires de syndicats etc. Les gens de Bertelsmann siègent dans des institutions et commissions de l’UE et influencent tous les domaines de la politique – qu’il s’agisse de la Constitution europé­enne, de la formation d’une armée européenne ou de la privatisation des domaines de la formation et de la santé et, dernièrement aussi des communes.5

La «vision» de la Fondation Bertelsmann est une «Europe des régions» dans laquelle les nations souveraines ont disparu6 et dont les unités administratives sont des «espaces métropolitains» ou des communes fusionnées, unités sous l’administration centrale de Bruxelles7 et exploitées sur le marché par Bertelsmann. C’est dans cette direction-là qu’est dirigé ce «changement», changement où les décisions démocratiques des citoyens ne font que déranger.

Pour démarrer le «changement» on convoque – après concertation avec les conseillers externes – un groupe, complètement arbi­traire, mais pourtant soigneusement choisi – de membres d’exécutifs, d’associations, d’Eglises, de corps de métier et corporations, d’entreprises etc. dans les «ateliers du futur» susnommés qui n’ont aucune légitimation ni représentation démocratiques. Ainsi, avec le recours à des méthodes de manipulation psychologique employées dans des groupes d’envergure (mise en place, «open space» etc.) qui n’ont rien à faire dans un processus de décision libre et démocratique, on se met à dis­soudre «les forces récalcitrantes» de la société.8 Il s’agit de créer une «ambiance positive de renouveau» qui vise «l’enthousiasme des acteurs locaux».9 Ceux qui mettent en doute les «visions» sont traités de «passéistes» et de «traditionalistes arriérés». De telles images nuisibles ne font que semer la discorde dans les communes et déranger la paix politique.

Nous n’avons pas besoin d’«ateliers du futur» qui, comme des «cabinets de l’ombre», se mettent à saper l’autonomie communale. Il ne nous faut pas du «strip-tease» psycholo­gique dans des salles polyvalentes pour procréer des «visions communales», qui ne créent, en fait, que des coûts. Le vrai débat sur les thèmes d’avenir se situe dans les conseils municipaux et les réunions communales où chaque citoyen est censé contribuer, proposer des motions et solliciter un vote, dénué de tout endoctrinement et de toute manipulation.

Mais détrompons-nous: en Suisse aussi, une 5e colonne de traîtres au pays se bâtit sous forme d’«acteurs» en vue du développement européen régional misant sur les méthodes Bertelsmann. Ainsi «régiosuisse», un réseau central national en faveur du développement régional suisse, recommande-t-il chaudement «la fondation allemande de Bertelsmann». «Sur son site internet», poursuit-il, «elle fournit toute une gamme d’idées à l’usage des gestionnaires régionaux et instances constructrices de réseaux» (sic!); on y trouve, ajoute-t-il, «diverses publications et une banque de données intitulée ‹Best Practices des communes pour les com­munes› etc. qui offrent, également aux instances ac­trices suisses pour le développement communal d’intéressants intrants.»10

Voilà pourquoi, dans nos communes, les «ateliers du futur» surgissent du sol comme des champignons. Il ne faut pourtant pas oublier que ce sont toujours les citoyennes et citoyens qui décideront, en dernière in­stance, s’ils veulent effectivement l’«Anschluss» à une «Europe des régions», gérée de manière centraliste par Bruxelles, où il n’y aurait plus de nations souveraines, ni par conséquent, de citoyens jouissant de leurs pleins droits de démocratie directe.

Horisons et débats.

Notes :

1 Bertelsmann-Stiftung: Workshops für Kommunen. URL: www.bertelsmann-stiftung.de/cps/rde/xchg/SID-0FEC8238-A85109F4/bst/hs.xsl/93630.htm
2 Privat statt Staat: Das englische Modell. Bertels mann-Tochter Arvato übernimmt Verwaltung. «Neue Westfälische», Bielefeld, 1/9/06
3 Arvato Services Bertelsmann: Arvato startet Dienstleistungen für die öffentliche Verwaltung in Deutschland. URL: www.arvato-services.de/de/news-20070427.html
4 Siebenhaar, Hans-Peter: «Ein riesiger Markt vor der Haustür». «Handelsblatt», 4/4/08
5 cf. Hillard, Pierre: La Fondation Bertelsmann et
la gouvernance mondiale, Paris 2009
6 cf. Hillard, Pierre: La Fondation Bertelsmann et la gouvernance mondiale, Paris 2009
7 cf. Wüthrich, Marianne: Bruxelles tente de court-circuiter la structure politique de la Suisse. Horizons et débats no 31 du 10/8/09
8 Willener, Alex: Zukunftswerkstatt. Hochschule Luzern o.J. URL: www.hslu.ch/s-zukunftswerk-statt.pdf
9 Bertelsmann-Stiftung (Hrsg.): Demographie konkret – Handlungsansätze für die kommunale Praxis. Gütersloh o.J., S. 35
10 regiosuisse: Organisationen/Institutionen/Netz werke (CH/EU). www.regiosuisse.ch/adressen/links/links/#organisationen-institutionen-ch
Partager cet article
Repost0

commentaires

header article tmpphpLAiD9b

 

     "La lutte politique qui aboutit à la victoire d'un candidat, avec, par exemple 51% de l'ensemble des voix des électeurs, conduit à un système dictatorial, mais sous un déguisement démocratique. En effet, 49% des électeurs sont gouvernés par un système qu'ils n'ont pas choisi, et qui, au contraire, leur a été imposé. Et cela c'est la dictature. Cette lutte politique peut aussi aboutir à la victoire d'un appareil ne représentant que la minorité, notamment lorsque les voix des électeurs se répartissent sur un ensemble de candidats dont l'un obtient plus de voix que chacun des autres considéré à part. Mais si l'on additionnait les voix obtenues par les « battus », cela donnerait une large majorité. Malgré cela, c'est celui qui a le moins de voix qui est proclamé vainqueur, et son succès est considéré comme égal et démocratique ! Mais en réalité il s'instaure une dictature sous des apparences démocratiques. Voilà la vérité sur les régimes politiques qui dominent le monde actuel. Leur falsification de la vraie démocratie apparaît clairement: ce sont des régimes dictatoriaux."   Mouammar KADHAFI

. "La démocratie directe, quand elle est mise en pratique, est indiscutablement et incontestablement la méthode idéale de gouvernement. Comme une nation, quelle que soit sa population, ne peut être rassemblée pour discuter, étudier et décider de sa politique, les sociétés sont détournées de la démocratie directe, qui est demeurée une idée utopique éloignée de la réalité. Elle a été remplacée par de nombreuses théories de gouvernement, telles que les assemblées parlementaires, les coalitions de partis, les référendums. Toutes ont conduit à isoler le peuple de l'activité politique, à usurper sa souveraineté, et à confisquer son pouvoir au profit d' « appareils de gouvernement » successifs et en conflit, qu'ils soient individu, classe, secte, tribu, Parlement ou parti."  Mouammar KADHAFI

. "La propriété pourrait bien changer de mains, le résultat serait le même: le travailleur demeure un salarié tant qu'il n'a pas été rétabli dans son droit sur sa propre production, et que celle-ci continue à être détournée au profit de la "collectivité" ou de l'employeur.La solution finale à ce problème consiste à abolir le salariat, par la libération de l'homme de l'asservissement dans lequel celui-ci le maintient." (Mouammar KADHAFI)

. "LE LOGEMENT est une nécessité pour l'homme et sa famille. Il ne doit appartenir à personne d'autre qu'à lui. Un homme n'est pas libre quand il habite une maison louée. En matière de logement, la politique suivie par les Etats a consisté à réglementer la location en bloquant ou en augmentant les loyers. La seule solution radicale et définitive est l'accession à la propriété. Dans la société socialiste, nul ne peut être maître des besoins de l'homme. Personne ne peut dans cette société, bâtir un logement autre que pour lui-même et ses héritiers. La maison de l'individu étant un de ses besoins fondamentaux, nul ne peut construire dans le but de louer."  Mouammar KADHAFI

Recherche

Liens